Selon Arjun Appadurai, la mondialisation serait avant tout le flux, la circulation : d’informations et de biens, d’images et de messages, de touristes et d’émigrés. C’est la création de « publics », à savoir de minorités, de diasporas, au sein des pays riches. Ces personnes déplacées utilisent les flux d’informations à leur disposition pour créer des « communautés » réticulaires et rester en contact avec toute leur diaspora et le pays d’origine.
« Les moyens de communication électroniques et les migrations de masse s’imposent aujourd’hui comme des forces nouvelles, mais moins sur un plan technique que sur le plan de l’imaginaire », écrit l’anthropologue. Le capitalisme mondial, en stimulant les flux migratoires et médiatiques, arrache ainsi les hommes à leurs terroirs et à leurs traditions, noyant les appartenances locales dans la grande promesse de la modernité technologique universelle. Mais en même temps, grâce au numérique, il permet aux nomades de conserver des liens robustes avec leur culture d’origine. C’est cette évolution contradictoire, suggère Appadurai, qui opère une métamorphose décisive : l’imaginaire individuel et collectif et le travail mental quotidien des gens ordinaires en sont radicalement trans-formés. Bricolant au service de leurs finalités singulières des éléments venus de partout, chacun, dans l’exil, se fabrique ainsi de nouvelles identités sources de communautés inédites. Le travail de l’imagination collective (ou de l’imaginaire) est ici l’élément clé.
« Telle serait la leçon majeure de la mondialisation : comme il n’y a plus de dehors, et plus d’altérité radicale, les relations de chaque groupe avec son passé, avec lui-même, avec les autres, se réinventent. Cette multiplicité de constructions identitaires rend caduque la représentation d’une culture liée de manière fixe à un lieu et un mode de vie. Le « local » n’est pas un endroit géographiquement défini une fois pour toutes. Dans le monde global, il ne cesse de s’inventer selon des localisations diverses » .
Il estime que loin d’appauvrir l’invention culturelle, d’uniformiser les créations, d’abêtir les peuples, la mondialisation permet des déploiements inédits de l’imagination collective, stimule la fabrication d’identités originales. Car il n’y a « rien de plus international que la formation des identités nationales »
Appadurai le redit explicitement, « la globalisation n’est pas l’histoire d’une homogénéisation culturelle. » En d’autres termes, le processus de mondialisation est plus complexe qu’il n’y paraît : loin d’être une simple imposition d’un modèle, américain en l’occurrence, à l’ensemble de la planète, la globalisation suscite des processus de ré-appropriation des signes associés à la modernité capitaliste selon des stratégies identitaires - ces signes vont fonctionner ou seront mobilisés en fonction des historicités des groupes et des cultures, et en fonction des imaginaires historiquement situés (Castoriadis).
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2 comments:
excellent article. But I need more written
What about the English invent football championship?
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