Saturday, April 17, 2010

Frédéric Gersdorff :« D’autres questions nous ont semblé plus pertinentes »

Afromedia.be : Pourquoi avoir mis en doute le témoignage d’Aimé Bolua ?

Frédéric Gersdorff : Je ne l’ai pas du tout mis en doute. J’ai mis ses propos au conditionnel parce que je n’avais aucune confirmation venant de sources officielles de ce qu’il disait. C’était juste ses propos. Aucun enquêteur, aucun porte-parole de la police ne m’a confirmé à ce moment-là ses dires. Ce n’était pas une mise en doute mais une précaution de ma part. Par ailleurs, ce n’est pas moi qui aie réalisé l’interview de ce monsieur mais des collègues de Télé-Matonge. Je n’ai donc pas pu avoir de contact direct avec lui et il s’agissait de prendre certaines assurances par rapport à son témoignage, en l’absence de confirmations ou d’infirmations tant de la justice que de la police.

A.be : Vous n’avez pas non plus interviewé Ramsès Ramazani …
F.G : Non, car sur place, ce monsieur ne s’est pas présenté à moi ou, moi, je n’ai pas pu le rencontrer.

A.be : Vous n’avez pas non plus jugé crédible le fait que des collègues de Télé-Matonge vous fournissent l’interview d’Aimé Bolua en tant qu’élément d’information marquant ?
F.G : J’aurais fait l’interview moi-même que je l’aurais également présenté au conditionnel puisque je n’avais, à ce moment-là, aucune source de police me confirmant ces éléments-là. N’importe qui aurait pu me dire cela, pour moi, c’était une précaution journalistique importante : quand une personne vous dit quelque chose, on le dit, on le met en avant, mais au conditionnel tant qu’il n’y a pas de sources officielles qui confirment ses propos.

A.be : Les jours qui ont suivi, plusieurs médias, dont RTL-TVI, ont interviewé Ramsès Ramazani et confirmé son intervention. Pas la RTBF. N’était-il pas opportun de revenir sur cet aspect peu banal du fait divers ?

F.G : Oui, cela pouvait être une possibilité de reportage et, comme on a pu le voir, cela s’est fait dans les jours qui ont suivi. C’est une idée qui se défend et c’est vrai que nous ne l’avons pas fait. Mais cette affaire a soulevé de nombreuses questions qui nous ont semblé plus pertinentes à développer.

A.be : Certes, mais plusieurs médias ont aussi traité des aspects prioritaires de l’affaire (le braquage, les auteurs venus d’Estonie, les questions de violence) tout en médiatisant l’acte héroïque des deux belgo-congolais…

F.G : Oui, mais, heu … Ce n’est pas un choix qui a été fait contre … On aurait pu le faire, on a décidé de ne pas le faire et puis voilà ! Ce n’était pas une volonté de ne pas le faire, mais plutôt une volonté de faire autre chose.

A.be : Ce choix de la RTBF a été très mal perçu par plusieurs habitants de Matonge. La télé de Service public serait-elle plus intéressée par relayer les aspects négatifs frappant ce quartier africain plutôt qu’un aspect positif tel que deux de ses habitants qui - au péril de leurs vies - ont permis l’arrestation d’un malfrat ?

F.G : Franchement, je pense que c’est un procès d’intention qui n’a aucune raison d’être. Il n’y a aucun choix qui a été posé avec cette réflexion visant à accuser précisément le quartier de Matonge. D’ailleurs, si vous regardez la conclusion de mon reportage : alors qu’on a aucune certitude sur l’identité des braqueurs, je dis que la seule chose dont on est sûr, c’est que ce n’était pas des habitants de Matonge.

A.be : Ramsès Ramazani a été invité ce dimanche sur le plateau de Controverse (RTL-TVI) pour livrer son témoignage dans le cadre d’un débat sur les violences urbaines. Qu’en pensez-vous ?
F.G : (soupir). Je n’en pense rien et n’ai aucun commentaire à faire là-dessus.

A.be : Etant donné les questions autour de la recrudescence de ce type de violences, le débat dominical de la RTBF devrait aussi y être consacré, non ?

F.G : Je vous avoue que je ne m’occupe absolument pas de ça. Pour cela, il faut vous adresser à mes collègues de Mise au point.

Propos recueillis par Olivier Mukuna

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